Le diabète, les pieds et le Pédicure-Podologue

Selon les derniers chiffres publiés par la International Diabetes Federation en 2019, il y a plus de 4,5 millions de personnes en France vivant avec le diabète, il est estimé que plus d’1 million d’entre elles l’ignorent. On peut dire que 1 français sur 10 est atteint de diabète, et aujourd’hui le diabète est la 1ère pandémie de maladie non contagieuse du monde.

Nous ne sommes pas ici pour vous faire une lecture sur les dangers liés au diabète, mais simplement nous souhaitons vous donner les faits, nos recommandations de soin et les démarches à suivre auprès de votre médecin et de votre Pédicure-Podologue pour vous garder, vous et vos pieds, en bonne santé 🦶.

Qu’est-ce que le diabète ?

On parle de diabète lorsque l’on retrouve une substance organique en trop grande quantité dans les urines de manière chronique. La définition de diabète sucré est : une maladie chronique dont les personnes ne peuvent pas gérer la concentration du sucre dans leur sang, on parle alors d’hyperglycémie chronique. Il y a 2 types du diabète, type 1 et type 2 (détaillé en bas). Si l’excès de sucre dans le sang dure trop longtemps et que le diabète n’est pas bien régulé alors des manifestations cliniques vont apparaitre au fil du temps ainsi que des complications pour l’organisme. Concernant les pieds, les plus connus sont les neuropathies et les artériopathies

Comment savoir si on est diabétique ?

La question du diabète se pose lorsqu’on décrit un certain tableau clinique :

• Polyphagie : c’est la sensation d’avoir faim en permanence avec une absence de satiété (la sensation d’avoir bien mangé et de devoir arrêter). On va donc manger plus souvent, ce qui entrainerait normalement une prise de poids.

• Polyurie : symptôme caractérisé par l’envie d’aller aux toilettes fréquemment pour vider sa vessie

• Polydipsie : soif excessive malgré une augmentation de l’absorption de liquide

• Perte de poids rapide sans raison évidente

• Suivie par une prise de poids.

Si tous ces symptômes, ou une partie, sont présents, il faut prendre RDV avec votre médecin traitant pour ensuite faire des analyses le plus tôt possible. Quand vous avez pris votre RDV pour la prise de sang, le laboratoire va analyser le taux de glucose dans le sang. Il y a 2 tests disponibles :

1. 2 prises de sang à 8 heures d’intervalle, si le taux de glucose dans le sang est supérieur à 1,26 g/l le test est positif et le médecin va demander un suivi régulier.

2. 1 seule prise de sang, si le taux de cette prise est supérieur à 2 g/l à n’importe quel moment de la journée le test est positif aussi.

Quels sont les types de diabète ?

Il existe 2 types de diabète : celui où l’insuline n’est plus produite par le corps et celui où les cellules cibles ne reconnaissent plus l’insuline présente dans le sang.

L’insuline est une hormone produite par le pancréas. Le pancréas sert de doseur permanent à la glycémie, lorsqu’il détecte trop de sucre dans le sang l’insuline est produite et libérée dans le sang. Elle va alors se fixer sur des récepteurs de certaines cellules graisseuses, musculaires et hépatiques (adipocytes, myocytes et hépatocytes) et activer le stockage du glucose dans ces cellules. Résultat : la glycémie redescend. Le pancréas va détecter cette chute de la glycémie et va donc arrêter de produire l’insuline : mission accomplie.

Le diabète type 1 concerne environ 6% des diabétiques en France, aussi connu comme diabète insulino-dépendant (DID) qui est très rapidement découvert chez les personnes jeunes : enfants, adolescents ou jeunes adultes lors d’une observation d’un changement dans le comportement de la personne, perte de poids soudaine ou une soif intense.

Le diabète de type 1 est classé comme une maladie auto-immune car le corps ne reconnaît plus les cellules bêta produites dans les îlots de Langerhans du pancréas, et le corps les détruit avec ses propres anticorps. De ce fait, le glucose ne peut pas entrer dans les cellules cibles, et donc le taux de sucre (glycémie) dans le sang monte.

Le Type 2 concerne 94% des diabétiques en France, aussi connu comme non insulino-dépendant (DNID), il est normalement associé aux personnes de plus de 40 ans, cependant lors des 10 dernières années, il y a une augmentation de cas chez une population plus jeune. Cette bascule est liée au changement d’habitudes sociales et au mode de vie, on dénombre un taux plus élevé de personnes en surpoids, un manque d’activité physique pour la population et un abus de l’alcool.

Quelle est la différence entre le diabète de type 1 et le diabète de type 2 ?

Chez une personne avec le diabète de type 1 le pancréas ne produit plus l'insuline dont le corps a besoin pour fonctionner correctement, le taux de glucose dans le sang n’est pas régulé.

En revanche une personne avec le diabète de type 2, la production d’insuline peut être perturbée par 2 causes :

1. une insulinopénie : le pancréas fabrique toujours de l’insuline mais pas dans une quantité suffisante par rapport à la glycémie dans le sang

2. une insulinorésistance : l’insuline fabriqué fonctionne mal et n’est plus efficace ou les récepteurs cibles sur lesquels l’insuline vient se fixer ne la reconnaissent plus et l’activation du stockage du glucose dans les cellules ne va pas pouvoir se faire.

C’est pour ces raisons qu’il est très important de savoir quel type de diabète une personne a pour un traitement adapté.

Que peut provoquer le diabète de type 2 ?

Il n’existe pas de cause exacte pour un diagnostic de diabète de type 2 et le déclencheur peut varier d’une personne à une autre. Il peut s’écouler entre 5 et 10 ans entre l’apparition des premières hyperglycémies et le diagnostic de la maladie.

Voici 5 facteurs aggravants de l’apparition du diabète :

• Origine génétique

• Alimentation déséquilibrée

• Manque d’activité physique

• Surpoids

• Grossesse

Quels sont les premiers signes du diabète ?

La majorité des personnes touchées par le diabète de type 2 a la plupart du temps les symptômes suivants :

• Augmentation de la Soif

• Augmentation du besoin d’uriner

• Perte de poids malgré un fort appétit

• Fatigue chronique

• Cicatrisation lente lors d’une plaie ou brûlure

• Problème de vue

• Infections plus fréquentes

Quelles sont les complications du diabète ?

Les complications les plus fréquemment retrouvées chez une personne atteinte du diabète apparaissent car les hyperglycémies deviennent chroniques. A cause de cette chronicité il va y avoir une action sur les nerfs et les vaisseaux sanguins, la cicatrisation va devenir plus lente voire, dans les cas les plus avancés, ne plus se faire, on parle alors de troubles vasculaires, donc d’artériopathie.

Une autre complication est possible : les neuropathies. Elles se manifestent lorsque les nerfs sont endommagés par la répétition de l’excès de sucre dans le sang. Les extrémités sont les premières touchées, d’où l’importance du Pédicure-Podologue. On retrouve une perte de sensibilité, voir une anesthésie totale. Le danger est que si la personne se blesse, elle pourrait ne pas s’apercevoir de cette blessure. La plaie est installée et elle n’est pas soignée car non douloureuse, le risque est l’infection avec ses séquelles pouvant aller du mal perforant plantaire jusqu’à l’amputation.

L’artériopathie et la neuropathie sont les deux principales complications du pied liées au diabète, cependant il existe d’autres complications sur le corps comme la rétinopathie (complication au niveau des yeux), la néphropathie (complication au niveau des reins à ou encore des complications cardiovasculaires. Il est donc important de consulter les différents professionnels de santé adaptés lors de l’apparition d’un diabète.

Les pieds d’un diabétique :

Comme dit plus haut, l’une des premières manifestations du diabète se retrouve dans la plus grande majorité des cas sur les extrémités (pieds et mains). Les neuropathies et artériopathies font qu’une plaie au pied n’est pas douloureuse (perte de sensibilité) et ne cicatrisera pas (problème vasculaire), un des risques majeurs sans prise en charge étant l’amputation. Avant d’en arriver à ce stade, une consultation chez un pédicure-podologue permet une action de prévention pour anticiper tout problème, mais également une action curative par le soin des affections cutanées et unguéales.

Il faut savoir qu’il existe plusieurs grades, qui augmentent en fonction des complications liées au diabète :

• Grade 0 : Absence de neuropathie plantaire sensitive.

• Grade 1 : Neuropathie sensitive isolée, légère perte de sensibilité plantaire.

• Grade 2 : Neuropathie sensitive installée, souvent associée à une artériopathie des membres inférieurs et/ou déformation du pied.

• Grade 3 : Antécédents d’ulcération et/ou d’amputation.

Comment le Pédicure-Podologue peut m’aider avec mon diabète ?

Le Pédicure-Podologie a pour mission le soin et l’éducation thérapeutique. La surveillance des pieds n’est pas toujours facile à réaliser au quotidien et le pédicure-podologue est là pour s’assurer que le patient comprenne les enjeux de sa maladie, applique les conseils prodigués et pour répondre aux questions si besoin. L’éducation thérapeutique concernera la prévention des risques liés au diabète, des conseils de chaussage, une éducation des soins d’hygiène au quotidien, une éducation à l’auto-surveillance des zones fragiles.

Le Pédicure-Podologue est là pour prendre en charge toute plaie présente au niveau du pied, confectionner des orthèses ou des orthoplasties afin d’anticiper l’apparition de certaines blessures. Lors des soins, le pédicure-podologue prendra en charge les troubles morpho-statiques et mettra en place un traitement pour diminuer les facteurs de risques qui pourraient être liés à l’apparition d’une plaie.

L'Assurance Maladie prend en charge, sur prescription médicale, les séances de prévention des lésions des pieds chez le patient diabétique par le Pédicure-Podologue.

Il existe deux prises en charge possible pour les patients diabétiques à risque pour la prévention des conditions ou complications liées avec leurs pieds : grades 2 ou 3.

1. un forfait annuel de prévention des lésions des pieds à risque de grade 2 comprenant 4 séances de soins de prévention par an au maximum

2. un forfait annuel de prévention des lésions des pieds à risque de grade 3 comprenant 6 séances de soins de prévention par an au maximum

Pour être prises en charge, les séances de soins de prévention réalisées au domicile du patient ou au cabinet du praticien doivent faire l'objet d'une prescription médicale.